INI organise le 3e Symposium de Neuroéducation de Collioure, le samedi 30 mai, prochain avec le soutien de la Mairie de la ville. Il se tiendra comme chaque année au Centre Culturel, Rue Michelet, et sera présenté par le Dr Jacques Manya, Maire de Collioure. À la demande de très nombreux auditeurs, le symposium 2015 sera concentré sur une seule journée et aura lieu un samedi. Parking gratuit à la gare pour les participants,. Un coupon sera remis à la gare avant l’ouverture de la manifestation.
Vous trouverez ci-dessous le programme, l’affiche du symposium ainsi que le résumé des présentations des conférenciers qui nous font l’honneur et l’amitié de venir à Collioure vous présenter leurs travaux.
08.30 – 09.00 Allocutions de bienvenue
09.00 – 09.45 Brigitte Vincent-Smith / Pierre Huc / Hubert Stoecklin
Neurosciences et éducation
09.45 – 10.45 Joël Thomas : L’anxiété dans le monde gréco-romain
10.45 – 11.00 Pause café
11.00 – 11.45 Patrice Belzeaux : L’angoisse de l’Homme et sa pathologie. De quelques conséquences dans les Familles et à l’École.
11.45 – 12.30 Questions et Débats
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14.00 – 15.00 Jean-Michel Oughourlian : peut-on imaginer une nouvelle psychiatrie, mimétique, après les recherches de R. Girard, les expériences d’A. Meltzoff et la découverte des neurones miroirs (G. Rizzolatti et V. Gallese) ?
15.00 – 16.00 Thierry de la Garanderie : La gestion mentale d’Antoine de la Garanderie
16.00 – 16.15 Pause café
16.15 – 17. 00 Fawzia Héraut : Sommeil et Apprentissage
17.00 – 17.30 André Scobeltzine : Dessiner à l’heure des neurosciences
17.30 – 18.00 Sami Slimi : La neuroéducation en Tunisie
18.00 – 18.30 Questions et débats
Modérateur : Donald Smith
Patrice Belzeaux, psychiatre et psychanalyste, est Président de l’Association CREHEY (Cercle de Recherche et d’Edition H. Ey) qui réédite les œuvres de Henri Ey, célèbre pour son approche organo-dynamique de la psychiatrie.
Thierry de La Garanderie est agrégé de philosophie, enseignant en CPGE à Paris, chargé de cours à La Faculté de philosophie de l’Université catholique de Paris. Ses domaines de recherche portent sur la philosophie, les sciences cognitives et la pédagogie dans le prolongement des recherches d’Antoine de la Garanderie, philosophe et pédagogue (1920-2010).
Fawzia Héraut, professeur de neurophysiologie à la Faculté de Médecine de Paris-Ouest possède une compétence reconnue en électroencéphalographie et en potentiels évoqués. Elle a contribué à diverses recherches en ce domaine, en particulier pour le diagnostic des troubles autistiques.
Jean-Michel Oughourlian, neuropsychiatre, ancien Professeur de Psychopathologie Clinique à l’Université, ancien Chef du Service de Psychiatrie a l’Hôpital Américain de Paris. Ambassadeur de l’Ordre de Malte près la République d’Arménie, il mène une importante activité humanitaire. Il est connu pour ses travaux sur l’importance du désir mimétique en psychiatrie et sa collaboration avec le philosophe René Girard. La découverte des neurones miroirs conforte la validité de son œuvre. Son dernier livre, Notre troisième cerveau (Albin Michel), en donne un excellent résumé.
Les organisateurs de cette journée estiment que le désir mimétique peut jouer un rôle majeur en éducation et souhaitent débattre de cette question.
André Scobeltzine est l’auteur d’ouvrages de référence, traduits en plusieurs langues, sur la pratique artistique à travers l’histoire. Architecte, il a enseigné dans les écoles nationales supérieures d’architecture de Strasbourg, Grenoble et Montpellier et s’intéresse à l’apport des neurosciences à l’apprentissage du dessin.
Sami Slimi (Tunis) est didacticien, pédagogue, formateur et Inspecteur de français dans les lycées du secondaire et en classes préparatoires en Tunisie et fondateur du Cercle des Amis de la Francophonie et de l’Education (C.A.F.E.).
Donald Smith est professeur émérite de littérature québécoise (Université Carleton, Ottawa, Canada) et l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur la culture québécoise. Il porte son intérêt actuellement sur l’étude comparée de la Catalogne et du Québec
Hubert Stoecklin est psychiatre, psychanalyste, chargé de cours à la faculté de médecine de Toulouse et compétent en néonatalogie ; son expertise en ce dernier domaine nous aidera à comprendre la plasticité cérébrale.
Joël Thomas, professeur émérite de Langue et littérature latines à l’Université de Perpignan Via Domitia est spécialiste de Virgile et de la poésie augustéenne, mais aussi des méthodologies de l’imaginaire. Il nous a gratifié l’an dernier à Collioure d’une remarquable conférence sur l’histoire des représentations et des théories de la mémoire.
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Brigitte Vincent-Smith, Prof. de didactique des langues étrangères/secondes, Université Carleton, Ottawa, Canada, et Pierre Huc, neuropsychiatre et électroencéphalographiste, ont fondé l’Institut de Neurodidactique International (INI) en 2012. Ils ambitionnent de faire passer le message de la neuroéducation auprès des enseignants et des apprenants. Les connaissances sur la neuroéducation évoluent très vite, au rythme des progrès fulgurants de la génétique, de la biologie moléculaire et de l’imagerie cérébrale fonctionnelle. Publications sur le sujet, symposiums et conférences permettent de faire le point sur un domaine novateur, en pleine expansion. Les enseignants y trouveront matière à réflexion et de précieux moyens d’améliorer leur pratique tout en restant maîtres de leur art et de leur liberté académique.
CLIQUEZ ICI POUR TÉLÉCHARGER L’AFFICHE DU SYMPOSIUM DE COLLIOURE 2015 :
AfficheCollioure2015
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RÉSUMÉS DES PRÉSENTATIONS
«L’ANGOISSE DE L’HOMME ET SA PATHOLOGIE. PHÉNOMÉNOLOGIE, PSYCHANALYSE ET SCIENCES»
Assorti de quelques exemples à l’Ecole et dans les familles.
Patrice Belzeaux, psychiatre et psychanalyste.
Après avoir défini l’angoisse et sa différence avec la peur, nous développerons au travers de l’Etude N°15 de H. Ey, la phénoménologie de l’angoisse pathologique en particulier sa fiction anticipatrice, sa spirale amplificatrice, son vertige, son conflit intérieur et la certitude qui en est issue. Nous situerons à chaque étape l’apport de J. Lacan. Un exemple d’angoisse maternelle sera donné et un exemple d’angoisse en situation où la «communicabilité» de l’angoisse sera exposée. Nous examinerons ensuite la façon dont les cliniciens et les chercheurs ont pensé les «causes de l’angoisse », cet autre chose qui fait que certains sont plus angoissés que d’autres. Nous le ferons sur le plan de la nosographie psychiatrique et sur le plan de la psychanalyse freudienne et lacanienne. La question de la «Séparation» sera envisagée avec l’aide d’un exemple de phobie scolaire et de son approche psychanalytique. Puis, nous envisagerons le devenir de l’angoisse, non seulement les deux grandes avenues de la recherche scientifique, l’Etat de stress post traumatique et les Obsessions-compulsions, mais aussi des possibles issues cliniques et sociétales à l’angoisse, de l’amplification péjorative mélancolique au changement de structure psychique vers la psychose ou la perversion, en évoquant la radicalité des mises en question sociétales par le Jihad. L’approche scientifique qui se définit par la «falsifiabilité» de Sir Karl Popper et les «paradigmes» de Thomas Kuhn sera décrite, malgré la puissance de la recherche et de ses outils qui vont de la neuro-anatomie aux échanges cellulaires et aux gènes, son approche encore trop partielle par rapport à la complexité de l’angoisse de l’Homme sera soulignée. Nous terminerons par la citation des classiques Kierkegaard, Heidegger et la psychanalyste Juliette Favez-Boutonnier qui recentreront la problématique de l’angoisse de l’Homme, en allant de l’angoisse destructrice à l’angoisse créatrice.
« BIEN DORMIR POUR BIEN APPRENDRE »
Pr. F. HERAUT. CHU Paris-Ouest
L’homme passe environ un tiers de sa vie à dormir et un quart de ce temps à rêver. Chez l’enfant la durée du sommeil particulièrement élevée à la naissance se réduira très progressivement avec l’âge avant d’atteindre la configuration adulte. L’installation très progressive de la maturation et de la myélinisation neuronale explique les modifications extrêmement importantes en fonction de l’âge. C’est durant la première année de vie que la phase maturative est la plus riche et la plus rapide avec l’installation progressive de la régulation circadienne jour/nuit- lumière/obscurité. L’alternance veille-sommeil au cours des 24 heures avec un aspect « polyphasique » et des cycles de très courte durée chez le nourrisson, va progressivement évoluer vers un aspect « monophasique » chez l’adulte. Cette évolution très particulière s’effectuera sur plusieurs années avec un aspect spécifique à l’adolescence.
Au cours d’une nuit de sommeil, les différentes phases se succèdent de façon cyclique avec sommeil léger, sommeil lent profond et sommeil paradoxal. La durée totale du sommeil (TST) varie selon les individus avec une moyenne de 8 heures et des extrêmes allant de 5 heures pour les « courts dormeurs » à 10 heures pour les « longs dormeurs ». Cette activité cyclique : sommeil léger, sommeil lent, sommeil paradoxal se répète toutes les 90 minutes. Sur l’ensemble d’une nuit selon les dormeurs, on compte 5 à 6 cycles. Au cours de la nuit, la durée du sommeil lent diminue et la durée du sommeil paradoxal augmente. Cet aspect rythmique du sommeil s’accompagne d’une rythmicité circadienne dans la sécrétion de certaines hormones et dans la courbe thermique. Ainsi la température corporelle est la plus basse entre minuit et 3 heures du matin. La sécrétion d’hormone de croissance (GH) est la plus élevée dans les 2 premières heures du sommeil lent profond. La sécrétion de mélatonine montre un pic vers 3-4 heures le matin. La succession des cycles constitue une certaine durée du sommeil nécessaire au maintien d’un niveau de vigilance diurne permettant une parfaite adaptation au monde extérieur.
Le rôle réparateur du sommeil est un élément fondamental dans la régulation des grandes fonctions physiologiques.
Le sommeil lent profond est considéré comme récupérateur de la fatigue physique, il interviendrait aussi dans les mécanismes de défense immunitaire ainsi que dans la restauration des tissus et le propre « nettoyage » du cerveau mais il a aussi un rôle dans la restauration des processus cognitifs. Son action sur les processus mnésiques est de mieux en mieux connue aujourd’hui, ainsi, on lui attribue le contrôle de la mémoire déclarative et visuo-spatiale.
Le sommeil paradoxal prépare également la qualité de l’éveil et les relations mémoire-sommeil paradoxal sont parfaitement identifiées. Une relation directe a été clairement démontrée entre sommeil paradoxal et vitesse d’apprentissage d’une part, entre sommeil paradoxal et complexité de la tâche à mémoriser d’autre part. On attribue aussi au sommeil paradoxal un rôle essentiel dans le contrôle de la mémoire procédurale.
Enfin, très récemment, des conclusions de différentes études considèrent un rôle particulier de ces deux types de sommeil dans le langage.
Une dette de sommeil prolongée peut entraîner des perturbations physiques, des troubles du comportement, une détérioration des processus cognitifs, des difficultés de concentration, des troubles de l’attention, de la mémoire, du langage, ainsi que des troubles de perception et de coordination motrice. Un bon sommeil est donc indispensable à notre équilibre physique et psychique ainsi qu’à tous les mécanismes d’apprentissage chez l’enfant.
Jean-Jean-Oughourlian, neuropsychiatre, ancien Professeur de Psychopathologie à l’Université de Franche-Comté, ancien Chef du Service de Psychiatrie a l’Hôpital Américain de Paris.
(texte de la 4e de couverture publié avec l’autorisation de l’auteur de de son éditeur, Albin-Michel)
« Ce n’est pas moi qui désire, c’est mon désir qui crée ce que j’appelle “moi”. Et comme ce désir s’avère toujours copié sur celui d’autrui, c’est l’ensemble de la psychologie et de la psychiatrie qu’il faut reconsidérer. L’altérité nous constitue de pied en cap, sur le plan philosophique comme neurologique, et cela change tout, notamment dans nos façons de soigner l’esprit. »
« DESSINER À L’HEURE DES NEUROSCIENCES »
André Scobeltzine, architecte
Le dessinateur est une sorte de prestidigitateur qui va conduire ceux qui regardent son croquis, à construire dans leurs têtes (dans leur cortex visuel), un paysage, un cheval au galop ou toutes sortes de personnages.
Il n’a pas à imiter l’appareil photo, en respectant les proportions et règles de la perspective, mais à donner les bons indices qui vont permettre aux regardeurs de « finir le travail » en complétant, avec leur imaginaire propre ce qu’il leur donne à voir.
Pour convaincre du bien-fondé de ce point de vue, je montrerai aux participants du symposium quelques dessins, et en exécuterai d’autres devant eux.
André Scobeltzine, architecte, auteur de :
Apprendre le dessin, Éditions Oskar, Paris, 2014
L’art féodal et son enjeu social, Éditions Gallimard, Tel, Paris, 1989.
Narcisse ou la fabrique du regard, Éditions de l’Age d’Homme, Paris, Lausanne, 1998
« L’ANXIÉTÉ DANS LE MONDE GRÉCO-ROMAIN »
Joël Thomas, professeur émérite de langue et littérature latines et des méthodologies de l’imaginaire
- Sur le plan collectif, surtout chez les Grecs, où on a repéré une « crainte de la liberté », forme d’anxiété liée à l’exercice de la démocratie; mais aussi à Rome, sous forme d’un millénarisme lié à la durée de vie assignée à Rome par les oracles. Aux origines des mythes, j’ai repéré une forme d’anxiété liée à l’exercice même de l’imagination !
- Chez les individus: Lucrèce, bien sûr, grand angoissé, mais aussi Sénèque, et Suétone. Le cas de César est différent, mais il est bien intéressant. L’oeuvre de Virgile est un bel exemple de dépassement de l’angoisse existentielle.
- Des stratégies pour surmonter l’anxiété. Toute la culture gréco-romaine est construite là-dessus, de Platon aux Stoïciens, par une affirmation rassurante de l’ordre du monde. Mais ça ne marche pas toujours… (exemple: Lucrèce). Chez les Spartiates, il y avait des sortes de « débriefings » destinés à évacuer collectivement le traumatisme et l’angoisse après les combats.
- J’aborderai aussi le côté médical de la chose: qu’en pensaient Hippocrate, Galien?
Quelques ouvrages du professeur Thomas :
L’imaginaire de l’homme romain. Dualité et complexité (Bruxelles, Latomus, 2006).
Mythes et littérature (avec F. Monneyron, Paris, P.U.F., « Que sais-je? », 2002, 2e édition 2012).
Introduction aux méthodologies de l’imaginaire (Paris, Ellipses, 1998). C’est un ouvrage collectif que j’ai dirigé; il regroupe les meilleurs spécialistes de la question, et c’est à peu près le seul qui explique pédagogiquement ce que sont les structures anthropologiques de l’imaginaire.
L’Automobile. Un imaginaire contemporain (avec F. Monneyron; Paris, Imago, 2006). Directeur du secteur « Monde romain » dans le Dictionnaire critique de l’ésotérisme (dirigé par J. Servier.