INI, Institut de Neurodidactique International, a tenu son 7e symposium de neuroéducation au Centre Culturel de Collioure le 22 juin dernier. Experts et grand public intéressés par les progrès spectaculaires des connaissances sur le cerveau et leurs applications éventuelles à l’éducation ont suivi les conférences consacrées à l’imaginaire et à l’émotion, thèmes centraux de cette journée.
Brigitte Vincent-Smith s’est intéressée aux neurosciences éducationnelles et à ses applications pédagogiques. A partir d’un document porteur de projet pédagogique (film Vice-Versa-Pixar), elle a exposé comment favoriser un apprentissage visant la réussite scolaire grâce au plein d’émotions positives et en inhibant les émotions négatives. Elle a souligné la place de l’imaginaire. Cette conférence a proposé un abord efficace et ludique de l’éducation.
Pierre Huc a traité des neurones miroirs, cellules cérébrales qui perçoivent la réalité et l’imaginaire de la même façon ; pour le cerveau, faire ou imaginer, est exactement la même chose. Nos émotions passent par notre système limbique, une région archaïque de notre cerveau, avant d’être conscientes et stimulent notre système neurovégétatif (pâleur, sueurs…) et notre mémoire.
Joël Thomas a évoqué l’imagination et l’imaginaire sous l’angle des sciences humaines et a insisté sur l’imaginal qui regroupe des archétypes semblables dans les grandes spiritualités : une mémoire collective dans laquelle puisent chaque culture et chaque individu.
Roland Jouvent a abordé l’homme qui étend son intelligence à l’extérieur de son cerveau avec l’ordinateur. L’intelligence artificielle fait croire que nous fabriquons à volo des partenaires. Mais le fonctionnement de l’esprit réduit au numérique est un piège car la pensée humaine est incarnée par les lois du vivant. Son livre, Le Cerveau Magicien, montre que la magie de l’imaginaire est dotée de l’instinct de survie et d’attachement caractéristiques des êtres vivants.
Jacques Touchon a exposé le rôle des émotions dans la création artistique ; il évoque des maladies (Alzheimer, schizophrénie) responsables d’une perte progressive des fonctions cognitives et des émotions chez des artistes peintres ; leurs autoportraits révèlent la progression des troubles jusqu’à l’effacement complet de leurs sentiments, de leur personnalité et de leur image.
Pour Jamel Ben Mrad l’apprentissage des mathématiques repose sur des facteurs génétiques, épigénétiques et expérientiels. Nos réseaux neuronaux génétiquement programmés sont recyclés par l’ éducation et nous donnent des intuitions innées des mathématiques. Les neurosciences montrent aussi que nos réseaux des émotions sont actifs lors de la pratique des mathématiques.